Mon premier roman part de l'idée que notre imaginaire se crée des doubles prenant la forme héroïque ou mythologiques. Le robot et le vampire en font partie. Ils sont la projection des méandres de nos pensées inconscientes qui hantent parfois nos esprits tourmentés en cette période de crise de nos sociétés contemporaines.
Cher Claude Allard-Poesi,
Je tiens à vous dire ce que j'ai pensé de votre livre, que j'ai récemment dévoré de bout en bout. Il m'a fallu quatre jours, du matin au soir - un vrai tour de piste. Chapeau ! Je suis impressionné par l'utilisation fluide et riche de la langue. Dans vos premiers livres sur l'enfant numérique, vous vous limitiez à un vocabulaire scientifique, mais vous vous montrez aujourd'hui poète et peintre d'atmosphère. J'ai utilisé un dictionnaire français-néerlandais, mais la plupart des mots que j'ai cherchés n'y figuraient pas. Vous êtes bien en dehors du spectre étroit. J'ai également apprécié le ton autodérision du vampire. J'ai pu suivre plusieurs fils à travers le livre. D'un côté, vous avez actualisé le récit des vampires. Vous l'avez sorti de son contexte du XIXe siècle pour le placer dans la culture numérique d'aujourd'hui. En même temps, l'histoire a pris le caractère d'un roman régional du Quercy. C'est une belle courbe de tension.
J'ai particulièrement apprécié le fil continu de la méta-réflexion. J'ai trouvé le diagnostic empirique de l'anémie génétique à la fois hilarant et pertinent. J'ai également trouvé l'analyse historico-culturelle et philosophique particulièrement réussie. C'est une belle tentative de montrer la vague de projection culturelle sur le bouc émissaire. Mais la comparaison entre le vampire et le robot d'aujourd'hui prend un nouveau sens. L'élite médiévale a transformé sa propre soif de sang en un fantasme projeté et s'est ainsi légitimée. Des mécanismes similaires sont en jeu aujourd'hui. Le vampire revendique une niche évolutive pour lui-même dans la mesure où il contribue à la propagation et à la victoire des épidémies. Le robot fait la même chose. Son logiciel fonctionne sur la base d'algorithmes qui permettent également de combler et de niveler les différences culturelles. Vos réflexions sont extrêmement fascinantes.
Dans votre livre, la discussion à ce sujet est intégrée dans un drame policier passionnant qui se déroule de manière reconnaissable dans le Lot. J'ai reconnu tous les lieux qui vous ont inspiré, de sorte que l'histoire s'est jouée de façon vivante dans mon imagination. J'ai trouvé les chapitres rétrospectifs pittoresques à cet égard. Vous avez dû prendre plaisir à les écrire comme s'il s'agissait d'un livre pour garçon. Cependant, ces chapitres manquent quelque peu de réflexivité et sont, en ce sens, superflus, mais néanmoins ils rendent possible une version cinématographique du livre et contribuent certainement au caractère régional de l'histoire.
Dans l'ensemble, j'ai beaucoup apprécié lire ce livre. Vous avez réussi à réactualiser l'histoire romantique des vampires des époques précédentes et des médias (livres, films et jeux) dans un style agréable à lire, tout en soulevant toutes sortes de questions philosophiques. Hautement recommandé !
Petran Kockelkoren
Prof. emerite
Université de Trente
Chaire Art et technologie
Faculté de Philosophie
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